Il est des erreurs qui sont tellement ancrées dans notre subconscient que l’on est persuadé de ne pas se tromper. Et ces mêmes erreurs, que l’on fait généralement à l’oral, se retrouvent dans nos écrits, à l’encre indélébile, jusqu’à la fin des temps (référence, wesh). Par exemple, le type qui, bafouillant trois phrases en mangeant son jambon-beurre, tente un improbable « les gens croivent », sait qu’il est en tort, il sait qu’il vient de griller le feu rouge du bon sens, et qu’il devra faire l’effort de concentration nécessaire à l’écrit pour NE PLUS JAMAIS oser l’invraisemblable. Les paroles s’envolent, mais les écrits restent. On prie d’ailleurs pour que Christophe Maé ne sache pas écrire.

L’une de ces erreurs communes concerne « le plus ». Aussi curieux que cela puisse paraître pour les gens normaux, donc ni Autrichiens, ni cinq fois Mister Univers, ni à moitié cyborg, l’article « le » doit ici s’accorder ou non selon l’idée exprimée. Explication :

  1. « C’est quand elle philosophe connement que Lara Fabian est le plus chiante. »
  2. « C’est quand elle philosophe connement que Lara Fabian est la plus chiante. »

Dans le premier cas, on souhaite exprimer l’idée que lorsque Lara Fabian laisse parler son cœur, comme sur le plateau de The Voice, elle atteint le plus haut degré de « chiantise » jamais aperçu à l’œil nu par ses fans. Plus chiante donc que quand elle rit, chante, pleure, ou bat trois œufs. Il n’y a pas de comparaison possible avec autrui, mais seulement avec elle-même. C’est pourquoi « le plus » est ici invariable. En revanche, dans le deuxième cas, on préfère appuyer sur le fait que lorsque Lara Fabian se laisse aller façon Aristote de TF1, elle arrive à être la plus chiante aux alentours, donc plus chiante que Pascal Obispo ou Amel Bent (oui oui) par exemple. La comparaison avec autrui est possible, elle est exprimée (ou supposée), et donc l’accord de « le plus » se fait normalement, au féminin ici.

Autre exemple, au pluriel cette fois :

  1. « C’est quand ils mangent des animaux bizarres que les Chinois sont le plus cons » ==> les Chinois n’ont jamais été aussi cons qu’en se tapant du pangolin à l’apéro. Donc invariable.
  2. « C’est quand ils mangent des animaux bizarres que les Chinois sont les plus cons » ==> quand ils font ça, les Chinois arrivent à être encore plus cons que d’autres populations. Donc on accorde.

Comme souvent en français, cette petite subtilité a un réel intérêt : celui de savoir de quoi on parle. Ce n’est pas simplement là pour nous ennuyer, mais pour être précis quand on veut s’exprimer dans une langue soignée, douce et chatoyante comme ce plaid en acrylique qui nous borde en novembre. Mais il faut reconnaître que la tendance actuelle est plutôt de s’affranchir de cette règle, sûrement par (compl)aisance grammaticale. À vous de voir si vous souhaitez la respecter ou non. On vous gâte, on vous gâte…

N.B. : Les goûts musicaux exprimés ici sont d’une subjectivité propre à l’auteur de cet article, ils ne doivent pas être pris au sérieux. Second degré et irrévérence peut-être, mais humanité avant tout.

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